Phantasy Star (SEGA – 1987).
La Master System n’est pas spécialement réputée pour ses RPG. En raison de sa courte carrière au Japon et de la quasi absence d’éditeurs tiers, la machine n’a accueilli qu’une poignée de titres. Parmi ceux là, il en est un qui a marqué durablement son temps, reconnu aujourd’hui et à juste titre comme un chef d’œuvre riche et novateur: Phantasy Star !
Première originalité sympathique, et non des moindres (surtout à l’époque), le chef de projet est une femme : Rieko Kodama. Après avoir bossé sur des éléments de design dans quelques jeux comme Alex Kidd in Miracle World, elle se voit confier par SEGA un projet majeur, chargé de répondre dignement à une concurrence écrasante. La console maison vivote au Japon, il lui faut absolument une « killer-ap ».
Deuxième originalité, alors que les RPG on traditionnellement pour cadre des univers héroic fantasy, Phantasy Star propose une ambiance chevaleresque mais résolument futuriste, dans un monde à la Star Wars, ou votre HP est requinqué à coups de burgers et de cola !
Vous incarnez Alys (tiens, tiens, une fille) désireuse de venger la mort de son frère causée par le tyran local. Dans la grande tradition du genre, elle sera rejointe en cours de route par de fidèles compagnons qui l’aideront dans sa quête. Le déroulement du soft est relativement conventionnel, avec des mondes composés de villages où discuter et faire ses emplettes ainsi que de grands espaces et donjons à explorer, théâtres de combats au tour par tour.
SEGA a mis les petits plats dans les grands, le projet est techniquement le plus ambitieux de la 8-bit : cartouche 4 Mégas (512Ko) avec pile de sauvegarde, du jamais vu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça se sent à tous les niveaux. Les graphismes sont excellents. Si les phases de déplacements classiques sont honnêtes sans plus, on est admiratif devant la mise en scène des combats et surtout devant l’exploit technique que représente l’évolution en vue subjective dans les donjons. En combinant les effets de scrolling parallaxe et de faux zooms, l’équipe de développement est parvenue à restituer un effet 3D stupéfiant sur une machine aussi limitée. Certes, c’est dépouillé et on ne voit rien d’autre que des murs défiler, mais quand même, du « Doom-like » avant l’heure sur SMS, fallait oser! Les petits interludes ponctuant la saga sont aussi une franche réussite. Les musiques sont pour leur part inoubliables pour peu que l’on s’impose de les écouter avec l’option FM. Malheureusement, elle n'est pas présente dans la version occidentale, ayant hérité au passage d’une traduction passe partout un peu indigeste. Un patch disponible sur « SMS Power! » permet heureusement de réparer tout ça et de profiter du jeu en anglais dans une version FM parfaite, à condition bien sûr de supporter un PC avec émulateur (on ne peut pas tout avoir).
En ce qui concerne la durée de vie, on se situe dans l’excellente moyenne, avec une aventure très très longue et pas toujours évidente, qui rappelle à quel point les RPG contemporains ont évolué vers l’assistanat du joueur. Les menus et la gestion des objets sont limpides mais le système de génération aléatoire des monstres pourra en énerver certains qui noteront aussi quelques longueurs et/ou alternances de combats un brin monotones.
Phantasy Star n’est peu être pas révolutionnaire dans son déroulement, mais dans la forme, on peut dire qu’il a changé à jamais la perception qu’on a des RPG en défrichant totalement un genre et en l’orientant vers des directions nouvelles. Un monument incontournable de la Master System, qui n’aura toutefois pas réussi à booster significativement les ventes de la console au point de faire basculer son destin au Japon. Le flambeau sera passé à la Mega Drive avec le deuxième opus, dont le développement avait pourtant commencé sur la 8-bit.
La saga perdure encore sur les supports actuels même si elle a au fil du temps et des multiples versions un peu perdu de son aura. Un retour aux sources est donc plus que conseillé!