Shadow Dancer (SEGA – 1991).
Après l’énorme succès de Shinobi en arcade, SEGA sort cette suite officieuse en 89 en y apportant quelques changements et nouveautés. La réalisation est bien sûr un cran au dessus mais c’est surtout la naissance d’une collaboration inédite entre le ninja et le chien ! Un fidèle compagnon vous suit à la trace et vous épaule dans toutes les situations. Une belle trouvaille qui relance le genre, même si le jeu n’est pas parvenu à égaler son illustre aîné dans les cœurs. A la différence de Shinobi qui se déroule dans une ambiance assez japonaise, on peut aussi noter une transposition du ninja dans un cadre beaucoup plus occidental.
L’adaptation Master System présente la particularité d’être la seule version fidèle à l’arcade disponible sur consoles, l’opus Mega Drive proposant quant à lui une aventure complètement repensée. C’est aussi sans aucun doute l’un des jeux les plus impressionnants de la machine d’un point de vue purement technique, à tel point qu’on se demande si SEGA n’a pas commandé une démo aux programmeurs. Avec Mortal Kombat, nous avons là le sprite contrôlable le plus énorme de la logithèque SMS. Les ennemis sont aussi d’un volume exceptionnel, donnant un cachet tout particulier à l’action. Ajoutez à cela quelques scrollings différentiels, des séquences de magie stupéfiantes avec digits vocales et même une ébauche de FMV (si, si !) lors de l’intro et vous comprendrez que ce soft est une curiosité 8-bits. Au coup d'œil, c’est bien simple, si on regarde des images fixes, on est pas si éloigné que ça de l’arcade !
Malheureusement, cette débauche technique se paye cash. Comme tous les titres qui on eu les yeux plus gros que le ventre sur la modeste Master, les fantaisies se font au prix de concessions dramatiques. L’animation est un peu poussive et les sprites clignotent méchamment. Le chien n’est visible que très brièvement, lorsque vous le sollicitez directement. Niveau intérêt et gameplay, ça se gatte un peu plus encore. Une bonne moitié des niveaux sont passés à la trappe, on en dénombre quatre en tout et pour tout, qui se résument à quelques écrans avant la confrontation avec le boss. Avec une surface de jeu si courte sur 512 Ko, on comprend que les concepteurs n’ont pas eu d’autre choix que d’exagérer la difficulté pour rallonger la sauce et éviter le scandale. Le hic, c’est que comme la maniabilité est rigide au possible, c’est carrément abusif, limite insurmontable sur la fin. Votre perso ne disposant pas de barre de vie, le moindre coup est fatal et vous êtes partis pour faire et refaire les mêmes actions jusqu’à ce que ça passe, dans une frustration quasi « Dragon’sLairiènne ». Allez, restons optimistes : une belle fin récompensera les plus courageux (encore heureux qu’on nous ait pas recollé le pitoyable et laconique « Game Over » de Shinobi-MS !).
Avis purement perso et pas objectif pour un sou, ce Shadow Dancer, malgré ses très gros défauts, est quand même assez classe et attachant pour qui aime les ninjas. Il mérite un certain respect pour l’ambition et le travail qu’il a manifestement nécessité afin d'être adapté de la sorte sur Master. Maintenant, il faut reconnaître que pour profiter d’une aventure qui tient vraiment la route dans le même genre, mieux vaud se tourner vers l’increvable Shinobi, Ninja Gaiden ou encore Kenseiden !