Taito Chase H.Q. (SEGA – 1990).
Chase H.Q. (calembour entre Headquarter et High Quality) est l’un des jeux auto arcade les plus marquants des années 80. Reprenant la vue pseudo 3D à base de sprites zoomés qui a fait les beaux jours d’OutRun, l’éditeur Taito fait mouche en 88 en ajoutant une grosse dose d’action au genre. Le marché du « roulant » était jusque là dominé par des jeux de course ou de conduite, Chase H.Q. fait lui pour la première fois dans la course-poursuite. Vous incarnez un tandem de flics en civil chargés de mettre hors d’état de nuire les pires voyous lancés sur la route, le tout en temps savamment limité. Attention, il ne s’agit pas de cartonner bêtement de la tôle, le côté conduite garde toute son importance dans la mesure où vous n’arriverez à rien sans un minimum de finesse.
Chase H.Q. est adapté sur quasiment tous les supports, la Master System n’y coupe pas, et même si le jeu est édité par SEGA, c’est Taito himself qui se colle au développement en 90. Allons droit au but, la conversion est assez pathétique. Il faut croire qu’avec un seul jeu au compteur déjà sorti sur la machine (Bubble Bobble), Taito ne s’est pas montré spécialement impliqué et n’a pas du dépêcher des as en interne pour assurer le portage. Le manque de maîtrise de la machine est flagrant, à moins qu’il ne s’agisse d’un bâclage, ce qui est encore plus impardonnable. On a envie de pencher pour la seconde option lorsqu’on constate que la cartouche contient pourtant 2 Mégas (256ko). Pour mémoire, un bon petit Hang-On, c’est…32ko!
Pourquoi tant de haine ? Parce qu’il est désolant de constater qu’un concept magique car très novateur à l’époque en arcade a été ruiné sur notre console favorite, principalement à cause d’une réalisation si austère qu’elle en entache le fun et le gameplay. Certains pourront rétorquer à juste titre qu’il existe un gouffre technique entre la borne et la Master. Soit, mais c’était le cas aussi pour OutRun par exemple, qui a démontré qu’avec du talent et de l’ingéniosité, on pouvait s’éclater sur un version 8-bits en conservant l’esprit de l’œuvre originale. Ici, les graphismes sont ternes, l’animation pauvre (sur une partie réduite de l’écran), les contrôles rigides et la partie sonore pitoyable même pour un Z80 (rappelons qu’une autre version 8-bits, celle de la Famicom, comporte des musiques de qualité et des voix digitalisées). Même le «bip » de votre micro-ondes fera mieux que les bruitages censés simuler la sirène ou les crissements de pneus!
Le déroulement des courses conserve les mêmes mécaniques. La première phase consiste à se rapprocher le plus vite possible des bandits en fuite sans se flanquer dans le décor, la seconde, gyrophare en action, vous invite à administrer les impacts nécessaires à leur immobilisation. Pour vous aider, quelques options sont à régler sur votre engin et vous disposez d’un nombre limité de turbos à placer judicieusement, soit pour combler un retard, soit pour se montrer encore plus offensif.
En avançant dans les courses, les routes se font bien sûr plus dangereuses et les véhicules plus résistants, mais la difficulté est à vrai dire plus occasionnée par une maniabilité douteuse. Les sensations de conduites étant désespérément nulles, les plus zen seront gagnés par l'ennui!
En un mot comme en cent, Chase H.Q. est à découvrir absolument et doit faire partie de votre culture vidéoludique, mais malheureusement et pour une fois, pas sur Master!