Le permis et le handicap

Témoignage.

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Un accident est si vite arrivé, dit on.
Ca n'arrive pas qu'aux autres, dit on moins souvent.

Je confirme, un accident est très vite arrivé. La preuve : ca m'est arrivé. Il a presque 16 ans, en descendant du bus pour aller au lycée. J'avais 17 ans, je venais de passer l'écrit du bac de francais, l'oral était pour dans quelques jours. J'ai atterri à 22m40 du point d'impact : record personnel du saut en longueur sans élan.

C'était un vendredi et mon souvenir le plus proche remonte au Samedi suivant : j'étais dans un lit d'hopital, avec un tube dans la bouche, un bras immobilisé et des bandages. Je me suis fait opérer le Lundi suivant d'une plaie délabrante au mollet gauche ( perte visible de muscles ) et d'une fracture/luxation de l'épaule. J'en suis ressorti au bout de 2 semaines, pour avoir encore 2 mois de soins infirmiers à domicile.

Conclusion : ne jamais traverser devant un bus.

Un an plus tard, à l'âge de 18 ans, je me suis inscrit dans une auto-école pour passer le permis. Pas par enthousiasme, mais qu'il faut bien l'avoir. J'abandonnais en 2008 pour plusieurs raisons :
_ le stress consécutif au traumatisme de mon accident.
_ la douleur de ma jambe gauche qui m’empêchait depuis quelques années de rester longtemps debout, mais également d'appuyer fréquemment sur la pédale d'embrayage. Je sais manier une boite manuelle sans problème, simplement ma jambe me fait grogner au bout de 20 minutes de sollicitation dans cet exercice.

Ne croyez pas pour autant que je me traine : si j'envisage depuis peu d'acheter une canne pour me faciliter la marche, je me suis, dés 98, mis de manière assidue au vélo. Le but était de refaire le morceau de viande qui manquait à ma jambe.

A défaut de la reformer, je tiens la forme : à vélo, je pousse mes ballades entre 40 et 60km sans douleur, juste avec de l'épuisement. Mes plus grandes randonnées me donneraient un bon rôle dans un film de Roméro, mais la satisfaction de parvenir à les faire vaut bien toute les journées affalé dans le canapé à récupérer.

L'année passée, Cap-emploi ( car je suis reconnu travailleur handicapé) m'a envoyé faire un bilan dans un centre pour voir ce qui me bloquait dans la conduite. Deux conclusions :
_ le stress et la peur de faire ce que j'ai vécu.
_ ma jambe : une boite automatique permet de passer outre.

Rassurez vous, j'en arrive à mon point qui n'est pas un auto-apitoiement.

Il y a quelques mois, à force de sophrologie pour aider à gérer mon stress, je me suis dit que finalement, j'arriverais peut être à retenter le permis. Ceux qui me connaissent savent la nature de l'exploit : j'ai tant de mépris pour les voitures et les conducteurs dangereux, qu'une vie sans automobile me rendrait bienheureux. Mais hélas, le monde est tel que 4 roues sont nécessaires si on veut faire son trou.

Donc je me suis tourné vers une auto-école pour passer un permis en boite de vitesse automatique. C'est limitant, je sais, mais pas le choix.
La dite auto-école m'a dit qu'il fallait que je passe une visite médicale pour confirmer mon souhait.

Je trouve ca étrange mais soit.

Hier soir je passe devant le médecin spécialisé et explique mon cas qui la laisse coi. Quelque peu génée, elle ne peut le certificat me délivrer, et doit se renseigner. Si par contre j'avais déjà eu un permis normal, il n'y aurait pas eu de problème moral.

Elle se renseigne le matin, je rappelle l'après-midi.

Il semblerait finalement que je doive voir avec la sous-préfecture pour passer devant une commission qui statuera sur mon autorisation à passer un permis avec boite de vitesse automatique. Et là, je reste sans voix. Ou plutôt si : une voix qui ne peut que dire "What the phoque ?"

Sérieusement, merci l'administration. Merci de me donner l'impression de demander un traitement de faveur là où au contraire, je fais preuve d'efforts. Efforts pour passer outre mon traumatisme émotionnel, efforts pour passer outre mon traumatisme physique, dans le but de m'insérer dans la vie active malgré mon handicap.

Au nom des jeunes victimes qui doivent être dans mon cas, car je doute être un cas unique, je te dis merci, administration française.

L'administration française est en effet étrange, surtout sur le plan médical.

Je connais des gens qui sont passé en commission pour toucher des indemnités car leur conditions physique les empêchent de travailler, semblerait-il

Certains d'entre-eux ont des problèmes avec l'alcool, ils ont eu le droit à une indemnité, je conçoit que c'est un problème, mais la suite est est ce qui me dérange

Par contre la deuxième, ne peux ni travailler, ni même se déplacer longtemps, sans être totalement à bout de souffle, et elle ne peut pas être guérie, après 1 an d'attente, et malgré que plusieurs spécialistes aient soutenu l'impossibilité de travailler, le dossier à été refusé à 2 reprises

Suis-je le seul à voir un problème là dessous, un problème d'alcoolisme serait-il plus grave que d'avoir un dangereux problème aux poumons, que les médecins ont examiné comme étant véritable?

PS: Je ne pense pas essayer de passer le permis, je refuse d'être un danger pour les autres, je me sens pas apte, et si un pays veut que devoir être au commandes d'un objet pouvant causer la mort d'innocent, ou même la sienne, soit une obligation, et bien, il peut m'oublier

PS2: Tu as un sacré style d'écriture je dois avouer

Un autre truc que je comprends pas c'est qu'ont force tous les conducteurs à la boite manuelle.
C'est quoi ce délire ?
Personnellement une fois la conduite en boite automatique acquise on a du mal à repasser par la boite manuelle.
Premièrement la conduite est plus apaisée.
Deuxièmement c'est moins fatiguant.
Troisièmement quoi qu'on en dise ça consomme moins car un conducteur moyen ne passera jamais les rapports le plus tôt possible et donc la conduite ne sera jamais économe.

Bon courage mais t'en es déjà blindé apparemment. Les routes française sont couvertes de conducteurs qui ont eu le permis un jour mais ne savent plus en quoi cela consiste. C'est en visitant d'autre pays que cela m'a vraiment choqué, la Suède tout d'abord et l'Allemagne dernièrement.

Bon courage pour tout Sylesis !

effectivement c est une situation merdique ! bon courage pour la suite!

Il est clair que beaucoup de gens ne font pas la différence entre conduire et piloter un véhicule. Cela dit, il faut quand même se dire qu'au point de vue personnel, c'est toi qui contrôle la voiture et à ce titre, tu es à même de conduire en sécurité.
Le plus gros problème reste le temps d'apprentissage une fois livré à toi-même, mais une bonne attention doublé d'une concentration sans faille pallient à ce souci.
Et pour finir, même moi, je l'ai eu sans problème, j'ai eu un petit accident, j'ai juste plié ma 1ère bagnole, tout seul comme un grand et bizarrement, ça ne m'a absolument pas déstabilisé ...

En ce qui concerne l'administration, c'est tellement opaque que tu n'y peux pas grand chose ... Tant qu'ils ne te mettent pas de bâtons dans les roues ...

Syl est un battant , bon courage pour la suite !

C'est vrai que de nos jours,il est difficile de se passer d'un permis de conduire aussi bien pour le travail que les sorties diverses,maintenant je peux comprendre qu'un non conducteur puisse se sentir mal a l'idée de devoir apprendre a conduire

C'est le cas par exemple de mon epouse,pourtant pas stressée par le souvenir d'un accident grave,mais litteralement tétanisée de peur a l'idée de prendre le volant.

Les quelques situations "chaude" qu'on a pu vivre ensemble au volant (refus de priorité,queue de poisson,connard qui cherche la bagarre parce que je roule trop lentement a son gout...etc etc) l'ont definitivement convaincue de s'abstenir de conduire et de se contenter des transports en commun ou de nos parents retraités qui ne rechigne jamais a lui rendre service si je suis absent

Maintenant il est vrai qu'elle a la chance de pouvoir se rendre a son travail a pied,que l'ecole des enfants est a coté,mais si demain l'envie nous prenais de sortir de centre ville pour habiter a la campagne,l'absence de permis mettra immediatement un frein a notre depart...C'est le revers de la medaille.


Pour en revenir a toi,c'est dommage que l'administration cherche a te mettre des batons dans les roues parce que j'imagine que ça ne doit pas etre evident de se motiver a passer le permis apres un accident comme le tien.

J'espere simplement que ta demande aboutira et que tu aura la joie de devoir apprendre tout les panneaux du code la route par coeur^^

(il y en aura un bon quart que tu ne verra presque jamais )

Garde le moral et bon courage Sylesis

putain mais l'administration
si ça peut te rassurer, j'ai 31 ans, je n'ai pas le permis et je ne le passerai certainement jamais

En ville, c'est surement viable de ne pas avoir le permis, en zone rurale ou semi-urbaine, c'est déjà moins évident

Oui je confirme. Pendant longtemps je me suis dit qu'avec de l'entrainement à vélo, je parviendrais à me passer de voiture. La neige cet hiver et la fatigue occasionnée par les sorties quotidiennes de 8km m'a prouvé le contraire. D'autant plus que pour avoir un boulot, il faudrait minimum 22km par jour ( je ne suis pas fan des bus du tout).
L'idée "S'installer en ville, avoir un travail de proximité", ce n'est plus possible de nos jours, ou en tout cas pas sans expérience.

Non j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, le permis est nécessaire : ca ne me plait pas mais va falloir se faire violence si je veux enfin bouger.

Une fois obtenu, ça fait quand même bien plaisir, malgré les inconvénients de la circulation surchargée actuelle

Bon courage Syl, il te le faut ton permis, préviens-nous s'il faut harceler l'administration en question



De mon côté j'attend la réponse de ma demande de RQTH (Reconnaissance en Qualité de Travailleur Handicapé), j'ai eu un gros accident de voiture en juin 2012 à la suite de quoi j'ai perdu 1,5 cm sur la jambe gauche (je me suis pulvérisé le fémur) et j'ai un déficit d'extension du coude gauche de 30° (coude cassé); si jamais ça ne passe pas, je retourne à la charge avec mes problèmes pulmonaires (fibrose, plaque pleurale et emphysème suite à mon travail de désamianteur).

Non mais des fois !

Je pense que la RQTH ne sera pas difficile à obtenir. C'est pour obtenir une rente qu'il faut quelque chose de lourd, mais moi je ne visais pas ca avec mes démarches, je dois dire: j'ai demandé ma reconnaissance pour pouvoir prouver à un futur employeur que mes difficultés pour marcher ou grimper un escalier ne sont pas juste un caprice.

Après, tu pourras demander une carte de station debout pénible : avec ce que ta jambe a eu, je doute que ca pose un problème.

Ce n'est pas mon but non plus : tout ce que je demande c'est que ma reconversion soit financée par la MDPH de La Rochelle au lieu de la Région Poitou-Charente (il parait que c'est plus intéressant - au sens économique - pour moi...)

histoire touchante, je m'imagine maintenant et c'est le cas de beaucoup ici en tant que père quand tu sais que ton enfant passe son bac, que tu attend son retour et que tu te retrouve a l’hôpital...
on peut comprendre en tout cas tout a fait ton dégout de l'automobile, et tout cas ne vient jamais ici au Vietnam, tu les vois conduire 2min et tu deviendrais fou !!