Rocky (SEGA – 1987).
Avant que les développeurs tiers ne commencent à s’intéresser à la Master System, Rocky est longtemps resté la seule « vrai » adaptation de film sur la machine. Il y a bien eu Rambo II aux USA, mais il ne s’agissait que d’une greffe de licence assez opportuniste sur un jeu déjà sorti au Japon : Ashura (Secret Commad chez nous). Comme cela avait été fait avec des animés célèbres comme Ken ou High Shcool Kimengumi (Le Collège Fou Fou Fou), SEGA mise cette fois sur un gros succès cinéma des années 80 et choisi fort logiquement de faire de son Rocky un jeu de boxe.
Seul Rocky est sélectionnable, il doit affronter quatre adversaires tirés des films pour conquérir le titre et surtout tomber dans les bras d’Adrienne (la vraie fin du jeu !). Chaque match est précédé d’une séance d’entraînement destinée à améliorer votre forme.
Première constatation, la firme au hérisson a sur ce coup là vraiment eu des épines, mais dans le porte monnaie ! la licence acquise auprès de United Artists permettait l’utilisation des noms et des images, pas de la musique. Quand on sait l’importance que tient l’excellente B.O. dans les longs métrages de la série, ça commence mal : n’espérez pas fredonner « Eye of the Tiger » ou « Burning Hearts » en jouant. Hop ! Voilà déjà une bonne part du charme et de l'identité des Rocky envolée…
Second problème. A la différence d’un jeu de baston qui peut se permettre toutes les excentricités avec coups spéciaux et fantaisies de gameplay, Rocky n’a pas d’autre choix que de coller à une boxe un minimum réaliste. Or, ce sport est extrêmement difficile à rendre intéressant sur une machine techniquement très limitée, à moins de faire du « Punch Out » (mais plus rien à voir avec le film alors). Malgré son protège ratiches, Rocky s’y casse les dents !
Les deux boutons de la SMS ne permettent qu’une palette de coups très limitée, qui se résume au coup de poing, à deux protections (haute ou basse) et à une esquive (flexion des genoux). Suivant le positionnement du boxeur, un puissant crochet ou un uppercut se déclenchera automatiquement après quelques coups de poings. Ceci pourrait être suffisant si la jouabilité n’était pas aussi exaspérante. C’est lourd comme une dinde de Noël la veille du réveillon et les protections/esquives demandent un tel timing qu’elles sont en pratique inopérantes. Résultat, les parties tournent très rapidement au martèlement de bouton…et à la lobotomie du cerveau du joueur! Pour preuve éclatante du caractère on ne peut plus basique des combats : branchez une manette munie d’un bon tir automatique, maintenez le bouton poing enfoncé, vous verrez au bout de quelques minutes la fin du jeu sans rien faire d’autre. Certes, on n’est pas censé jouer avec un auto-fire mais c’est bien révélateur de la finesse du soft!
Tout ceci est vraiment dommage car de réels efforts avaient été fait techniquement. La présentation est agréable avec une petite "digit" tirée du film en écran titre, des boxeurs, une salle et un ring sympas. Les phases d’entraînement et les KO sont mis en scène par des gros plans très réussis et carrément impressionnants pour l’époque. Rocky a donc pu créer illusion et s’attirer un certain capital sympathie au moment de sa sortie mais il n’est malheureusement rien d’autre qu’une coquille vide. C’est ce qu’on appelle une erreur de casting pour SEGA, que l’on ne peut pas réellement blâmer, sauf pour avoir jeté son dévolu sur une licence presque inadaptable correctement sur une 8-bit.